Page 10 - Invention Magazine 197 - Concours Lépine
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Un dialogue entre
         les cultures et les arts                                 L’appartement
                                                                  de Jacques Martin à Rio
         « Il faut avoir l’œil en éventail »
                                                                  Bien plus tard, lors de son voyage au Brésil, en
         Cette citation de Charlotte Perriand témoigne de         1961, Charlotte se charge d’équiper l’appartement
         l’importance qu’elle a toujours accordée à la curiosité, à   de fonction de Jacques Martin, son époux, alors
         la découverte du monde et de la nature.                  Directeur d’Air France à Rio de Janeiro.

                                                                  A son arrivée dans l’appartement, elle est éblouie
         L’influence japonaise                                    par le cadre, la luminosité et la vue sur la plage.

         En février 1940, Charlotte Perriand est invitée par le    Initialement, Charlotte pensait pouvoir adapter cer-
         Ministère du Commerce du Japon pour réaliser du          tains croquis conçus au pays du Soleil Levant, mais
         conseil en production industrielle d’Art, car le pays sou-  elle se rend vite compte de l’inadéquation entre ses
         haite étendre ses productions vers l’Occident.  À cette   croquis et la culture de ce nouveau pays qu’elle dé-
                                                                  couvre à peine.
         époque, la situation politique est très instable. Char-
         lotte quittera le Japon en 1942, deux ans après son arri-  Aussi, elle part en voyage dans le nord du pays, pour
         vée, pour aller en Indochine.
                                                                  en découvrir les usages. De ce voyage, elle retiendra
                                                                  la technique de « tressage » de tradition indienne.
         Dès  son  arrivée,  elle  porte  beaucoup  d’intérêt  à
         l’habitat traditionnel japonais. Elle découvre les formes
         et les matériaux plébiscités par les traditions du pays.
         Spécialisée dans la conception de chaises, elle est    Pendant son séjour, elle a voyagé à l’intérieur du pays,
         évidemment surprise de découvrir un pays dans lequel   dans diverses provinces, elle enchaîne les conférences
         la coutume est de s’assoir à même le sol.            sur l’archipel.

         Charlotte est fascinée par l’esthétique et la culture     Très loin d’un voyage touristique, elle a approché le
         japonaises. Au pays des fleurs de cerisiers, elle découvre   Japon en profondeur, au plus près de sa tradition
         le vide. Le vide qui permet de circuler entre les objets,     et de son quotidien. Elle a visité nombre d’écoles, de
         le vide qui est un tout alors qu’il semble n’être rien.   manufactures et autres infrastructures  pour en com-
                                                                              prendre les coutumes les plus
                                                                              profondes.

                                                                              En 1941, Charlotte Perriand organise
                                                                              une exposition à Tokyo et Osaka, elle
                                                                              s’intitule  « Contribution à l’équipe-
                                                                              ment intérieur de l’habitation au
                                                                              Japon. Sélection, tradition, création ».

                                                                              Lors de cette exposition, Charlotte
                                                                              Perriand adapte certains éléments
                                                                              phares de sa ligne de mobilier, à côté
                                                                              desquels sont exposés des meubles
                                                                              provenant directement des provinces
                                                                              japonaises.

                                                                              Le  dialogue  des  cultures  est  mis  en
                                                                              avant. Une partie de ce qu’elle y ex-
                                                                              posait est présentée dans l’exposition
                                                                              qui lui est consacrée à la Fondation
                                                                              Louis Vuitton. Notamment,  sa ver-
                                                                              sion en bambou de la Chaise longue
                                                                              basculante.

    Version en bambou de la Chaise longue basculante. Photo tirée de l’exposition Le Nouveau Monde de Charlotte
    Perriand. © Concours Lépine


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