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« l’Art d’habiter »

         Véritable pionnière de la modernité, Charlotte Perriand   Elle développe dans les années 50, toute une série de
         a contribué à réinventer notre manière de vivre en     meubles  modernes  devenus  des  meubles  reconnus.
         société, en conceptualisant « l’Art d’habiter ».     Charlotte travaille à l’équipement de la Cité Internatio-
                                                              nale Universitaire de Paris sur le projet de la Maison de
         Selon elle, l’architecture et l’urbanisme doivent tendre   la Tunisie, plus précisément sur la Chambre d’étudiant.
         vers l’harmonie de l’habitat car le bien-être et la liber-  Pour ce projet, elle se plonge dans le mode de vie estu-
         té de l’occupant en sont les premiers objectifs. Dans la   diantin et conçoit des meubles adaptés à un tel usage.
         revue technique et architecture en 1950, elle écrivait     L’un des plus célèbres est sans doute la Bibliothèque de
         « Non seulement l’habitat doit réaliser les données ma-  la Maison de la Tunisie, que Charlotte imagine comme
         térielles, mais créer les conditions de l’équilibre humain   une étagère à 4 étages, avec des variations de hau-
         et de la libération de l’esprit. Mais tous les efforts en   teur entre les étages. Pour la Maison du Mexique, elle
         urbanisme et en architecture ne tendent-ils pas à la   reprendra les mêmes bases de conception.
         création d’un habitat permettant à l’Homme de vivre en
         harmonie ». Ainsi, elle s’attache à imaginer et concevoir     En 1956,  la  Galerie  Steph  Simon  ouvre  ses  portes  à
         chacun des projets auxquels elle participe en fonction   Saint-Germain-des-Prés, à Paris, Charlotte Perriand et
         de l’occupant.                                       Jean  Prouvé  en  deviennent  les  têtes  d’affiche.  Cette
                                                              galerie va jouer un rôle important dans la culture du
         En 1949, Charlotte Perriand co-fonde le mouvement    design pendant une dizaine d’années, notamment par
         Formes utiles de l’Union des Artistes Modernes. L’exposi-  la représentation et la présence de jeunes architectes
         tion « Formes Utiles, objets de notre temps » est organi-  et designers. Les meubles de Charlotte exposés dans la
         sée au Musée des Arts décoratifs. Pour celle-ci, Charlotte   galerie connaissent un succès d’affluence, malgré le peu
         sélectionne volontairement des objets peu chers qu’elle   d’acheteurs.
         met en scène en jouant sur la décoration et la couleur.
         Elle souhaite démontrer que le fait d’équiper l’intérieur   Après « l’Art d’habiter », Charlotte Perriand s’intéresse
         de son lieu d’habitation peut se faire à moindre coût, à   à l’Art de la rue. Lorsque Charlotte se voit confier le
         partir d’objets bon marché, d’objets « utiles ».     projet d’aménagement de l’agence Air France de Tokyo,
                                                                                           elle y voit la possibilité
                                                                                           d’amener l’Art contem-
                                                                                           porain dans la rue. Elle
                                                                                           souhaite lui donner
                                                                                           un aspect fonctionnel,
                                                                                           capable de véhiculer
                                                                                           un message de voyage.
                                                                                           Elle cherche à capter
                                                                                           l’œil  des passants, à les
                                                                                           attirer à l’intérieur de
                                                                                           l’agence pour en faire
                                                                                           des clients potentiels.
                                                                                           Charlotte considère les
                                                                                           loisirs comme essen-
                                                                                           tiels, elle souhaite les
                                                                                           rendre accessibles à
                                                                                           tous et souhaite que
                                                                                           la résidence de loisirs
                                                                                           soit un endroit dans le-
                                                                                           quel l’occupant se sent
                                                                                           pleinement en vacances
                                                                                           et profite du calme et
                                                                                           du repos.
   Charlotte Perriand. Bibliothèque de Maison de la Tunisie, 1952. Bois, tôle, pliée (162,0 x 353,0 x 53,0cm)
   Paris, Centre Pompidou – Musée national d’art moderne – Centre de création industrielle
   © Adagp, Paris, 2019 © Centre Pompidou, MNAM-CCI, Dist. RMN-Grand Palais / Audrey Laurans



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