Page 12 - Invention Magazine 197 - Concours Lépine
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« l’Art d’habiter »
Véritable pionnière de la modernité, Charlotte Perriand Elle développe dans les années 50, toute une série de
a contribué à réinventer notre manière de vivre en meubles modernes devenus des meubles reconnus.
société, en conceptualisant « l’Art d’habiter ». Charlotte travaille à l’équipement de la Cité Internatio-
nale Universitaire de Paris sur le projet de la Maison de
Selon elle, l’architecture et l’urbanisme doivent tendre la Tunisie, plus précisément sur la Chambre d’étudiant.
vers l’harmonie de l’habitat car le bien-être et la liber- Pour ce projet, elle se plonge dans le mode de vie estu-
té de l’occupant en sont les premiers objectifs. Dans la diantin et conçoit des meubles adaptés à un tel usage.
revue technique et architecture en 1950, elle écrivait L’un des plus célèbres est sans doute la Bibliothèque de
« Non seulement l’habitat doit réaliser les données ma- la Maison de la Tunisie, que Charlotte imagine comme
térielles, mais créer les conditions de l’équilibre humain une étagère à 4 étages, avec des variations de hau-
et de la libération de l’esprit. Mais tous les efforts en teur entre les étages. Pour la Maison du Mexique, elle
urbanisme et en architecture ne tendent-ils pas à la reprendra les mêmes bases de conception.
création d’un habitat permettant à l’Homme de vivre en
harmonie ». Ainsi, elle s’attache à imaginer et concevoir En 1956, la Galerie Steph Simon ouvre ses portes à
chacun des projets auxquels elle participe en fonction Saint-Germain-des-Prés, à Paris, Charlotte Perriand et
de l’occupant. Jean Prouvé en deviennent les têtes d’affiche. Cette
galerie va jouer un rôle important dans la culture du
En 1949, Charlotte Perriand co-fonde le mouvement design pendant une dizaine d’années, notamment par
Formes utiles de l’Union des Artistes Modernes. L’exposi- la représentation et la présence de jeunes architectes
tion « Formes Utiles, objets de notre temps » est organi- et designers. Les meubles de Charlotte exposés dans la
sée au Musée des Arts décoratifs. Pour celle-ci, Charlotte galerie connaissent un succès d’affluence, malgré le peu
sélectionne volontairement des objets peu chers qu’elle d’acheteurs.
met en scène en jouant sur la décoration et la couleur.
Elle souhaite démontrer que le fait d’équiper l’intérieur Après « l’Art d’habiter », Charlotte Perriand s’intéresse
de son lieu d’habitation peut se faire à moindre coût, à à l’Art de la rue. Lorsque Charlotte se voit confier le
partir d’objets bon marché, d’objets « utiles ». projet d’aménagement de l’agence Air France de Tokyo,
elle y voit la possibilité
d’amener l’Art contem-
porain dans la rue. Elle
souhaite lui donner
un aspect fonctionnel,
capable de véhiculer
un message de voyage.
Elle cherche à capter
l’œil des passants, à les
attirer à l’intérieur de
l’agence pour en faire
des clients potentiels.
Charlotte considère les
loisirs comme essen-
tiels, elle souhaite les
rendre accessibles à
tous et souhaite que
la résidence de loisirs
soit un endroit dans le-
quel l’occupant se sent
pleinement en vacances
et profite du calme et
du repos.
Charlotte Perriand. Bibliothèque de Maison de la Tunisie, 1952. Bois, tôle, pliée (162,0 x 353,0 x 53,0cm)
Paris, Centre Pompidou – Musée national d’art moderne – Centre de création industrielle
© Adagp, Paris, 2019 © Centre Pompidou, MNAM-CCI, Dist. RMN-Grand Palais / Audrey Laurans
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