Page 3 - Invention Magazine 184 - Concours Lépine
P. 3
Point de Vue
La 42 édition du Salon Rétromobile s’est tenue du 8 au
ème
12 février 2017, Parc des Expositions Porte de Versailles. Le rendez-
vous international de référence de la voiture de collection. Une
occasion de découvrir des véhicules venus de plusieurs continents
qui fascinent le professionnel et le grand public. Et de surcroît, ces
belles limousines d’inspiration de la Belle Epoque «dite art déco»
dont la France fût le principal berceau avec des marques mythiques.
Un témoignage du «savoir-faire» français depuis plus d’un siècle.
L’équipe Rétromobile, version 2017, met en avant la saga Chausson. Gérard Dorey, Président
En 1907 deux frères, Gaston et Jules Chausson, lancent à Asnières-
sur-Seine leur entreprise de chaudronnerie, spécialisée dans les radiateurs pour l’industrie naissante
de l’automobile.
Galerie des Artistes
Année après année, le chiffre d’affaires de Chausson explose. Mais très vite, la Grande Guerre arrive
et Chausson s’oriente vers l’aviation tout en poursuivant la fabrication de ses radiateurs équipant
80% des avions alliés. A la fi n du confl it, l’entreprise passe de 350 salariés en 1914 à 2 000 en 1918,
multipliant son chiffre d’affaires par 16. Dans les années 30, Chausson se lance audacieusement
dans l’emboutissage de carrosserie en reprenant la société Gallay puis le constructeur Chenard-
Walcker. Avant la seconde guerre mondiale, la société devient un groupe pesant le tiers du chiffre
d’affaires de Peugeot. Pendant la guerre, l’entreprise garde l’activité clandestine de ses bureaux
d’études pour travailler sur l’aviation dans les années 50. Les deux frères Chausson font le pari
que tout le secteur des transports sera à reconstruire au sortir de la guerre. Ils développent en
priorité l’autocar, la voiture, l’avion et présentent l’avion Courlis en 1946 avec un premier vol le
© Concours Lépine Pierre Chausson, l’instigateur du programme qui n’aura jamais vu voler cet avion pour lequel il s’est
10 mai, soit quinze jours après le décès accidentel, à l’âge de 34 ans, lors d’un meeting aérien, de
tant battu. La confi guration de cet avion est une bipoutre utilisée ensuite par la société Nord Atlas
Etienne Salomé (double fuselage). Chausson occupe une place prépondérante avec 35% de parts de marché. Ils
lancent en parallèle la construction des prototypes de l’aérotrain sur coussins d’air, à usage interurbain,
Les toiles sont noires, grandes et les Orléans-Paris. Un projet du brillant ingénieur en Aéronautique, Jean Bertin. Il fût abandonné par la
silhouettes élégantes. Approbateur SNCF - au profi t du TGV - qui a mis au point, entretemps, la technique du pendulaire à l’origine de
ou réfractaire, le regard ne peut
ignorer ces immenses tableaux à la grande vitesse. En 1993, Chausson perd le contrôle de la société Chausson et Associés avec la
nul autre pareil qui représentent dispersion de la seconde génération familiale qui crée un bouleversement du pouvoir au profi t de
une époque où les voitures d’Ettore clients actionnaires visant toujours plus de profi ts. La société se trouve contrainte de déposer le bilan.
brillaient sur les circuits et sur les
routes. Présent pour la première fois Une aventure entrepreneuriale qui, après 90 ans d’exploitation, restera synonyme d’une grande
à Rétromobile, Etienne Salomé est réussite avec un défi industriel et l’obsession du «Bel Ouvrage».
un passionné de Bugatti, et il sait un
peu de quoi il parle : il est, ni plus ni La cuvée 2017 du groupe Comexposium restera ancrée dans un concept exceptionnel installé
moins, le Directeur du Département sur quatre pavillons de la Porte de Versailles, grâce à des hommes et femmes passionnés comme
Design Intérieur chez Bugatti depuis François Melcion - Directeur du Salon, Thierry Farge - responsable évènementiel et toute une équipe
deux ans.
de collaborateurs, toujours à l’affût de l’inédit, du génial et à la recherche de la perle rare oubliée.
Un évènement riche en pédagogie pour nos enfants, petits-enfants, et pour nous-mêmes.
Ce salon offre la belle histoire de la société Chausson. On pourra aussi y découvrir les motos françaises
de La Perreaux, la Midual type 1. La moto française c’est l’histoire d’un rendez-vous manqué. La
France fût le berceau du 2 roues motorisé avec près de 1 000 marques sur plus d’un siècle.
Durant la visite, on découvrira le Musée National de Compiègne - avec la présentation de la voiture
électrique, plus que centenaire, la «Jamais Contente» du belge Genatzy, le grand Prix Motul - avec la
restauration de la Panhard-Levassor, type X76 Dynamic 130 de 1936, modèle coupé junior, vendue
lors de la succession de Roger Ballion, en l’état, pour 56 024 euros par Artcurial Motorcars en 2015.
En 2016, Artcurial Motorcars met aux enchères la Cadillac et la moto Harley Davidson de Johnny
Hallyday pour 550 000 euros.
L’Aventure Peugeot Citroën DS : on y découvre des modèles partant du chiffre 3, le quadricycle vis-
à-vis Peugeot - type Z, de 1891 présenté par Henri Auger, les Peugeot 203, 403, et 203 Darl’Mat
cabriolet. Pour Citroën, le Tuc et le type H, série HZ, la traction avant commerciale, la DS 21 cabriolet
export, la DS 23 i.e. et la Citroën SM, Maserati.
Egalement présents : le musée incontournable de Beaulieu - avec des véhicules d’exception
notamment le 3 roues Terrot de Victor Bouffort – la société Renault, avec l’espace Alpine, avec son
fondateur, Jean Rédélé - Mercedes-Benz, avec l’emblématique 500 K Luxus Roadster, la 300 SL
Classe E – et le pôle d’exception Compétition de Ferrari, avec Enzo Ferrari.
«La belle histoire de deux compagnons chaudronniers, Gaston et Jules Chausson, venus de l’Yonne en 1907 avec une simple sacoche
à outils…» Gaston Chausson (1876 – Février 1959) et Jules Chausson (1881 – Août 1957)
Invention Magazine 3