Page 6 - Invention Magazine 187 - Concours Lépine
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Reportage
Le tracé Lalique
La voie empruntée par René Lalique nous présente cette conquête de l’esthétique par la maitrise de la manipulation de métaux,
du verre, accompagnés d’ornements. Artiste, bijoutier-joailler et maître du verre, il marque de son empreinte l’histoire décorative
et crée nombre d’œuvres d’art à vocation d’accompagner le vestiaire féminin.
L’étendue de son œuvre ne se limite pas seulement aux objets qu’il a pu créer. Le musée Lalique, en effet, a pu hériter de nombre
de ses esquisses. Les dessins sont la passerelle de l’imagination sans bornes de l’artiste vers la réalisation de l’œuvre.
C’est au collège Turgot, où il entre en 1872, que René Lalique s’intéresse au dessin.
Projet pour un pectoral égyptien Hanneton ailes ouvertes v. 1898
Papier BFK, encre de Chine, gouache, aquarelle
H : 22,5 cm, l : 22 cm
Collection Musée Lalique, acquis avec le soutien du Conseil Régional d’Alsace et du
Département du Bas-Rhin.
Le dessin a toujours joué un rôle important dans la création de René Lalique. Dès son
plus jeune âge, il remporte de nombreux prix et, sa vie durant, il conservera dans ses
poches de petits carnets qu’il remplit de fi gures et d’arabesques frémissantes de vie,
entremêlées de réfl exions de toutes sortes, de recettes de cuisine, d’adresses d’arti-
sans, de citations poétiques.
Observateur infatigable, profondément curieux des moindres détails, il ne
cherche pas à copier, à imiter ou à styliser. Il crée en transformant. Sa connaissance
approfondie de l’art antique, sa compréhension sans égale de la nature et son ima-
gination foisonnante lui ont permis de développer son propre style.
Dans ce projet de pectoral, l’inspiration de l’Egypte ancienne, découverte au musée
et vantée par Georges Clairin (peintre et ami de René Lalique), est manifeste. Artiste
de la fi n du XIX ème siècle, René Lalique revisite le coléoptère, associé à Osiris et sym-
bole de résurrection, en le parant d’opales et d’améthystes et le rehaussant d’émail.
Durant son apprentissage chez le joaillier parisien Louis Aucoc de modelage. Il envoie ses dessins à la revue Le Bijou.
(1874-1876), René Lalique dessine et suit des cours du soir à En effectuant un véritable travail de prospection, René Lalique
l’école des Arts Décoratifs. commence à se faire connaitre en allant fournir ses dessins
Dès 1878, le jeune René Lalique part s’exiler en Angleterre loin aux fabricants parisiens.
de sa ville natale, pour poursuivre ses études, au collège de L’artiste, dès ses 22 ans, dessine avec minutie des modèles
Sydenham. Ces années passées lui permettent d’enrichir ses destinés aux grands de la joaillerie de l’époque tels que
connaissances, sa technique. Il visite les musées londoniens, Boucheron, Aucoc et Cartier. En 1885, il reprend l’atelier du
foyers d’inspiration et d’art. joailler Jules Destapes et se lance pleinement dans sa carrière
En 1880, René Lalique revient à Paris et suit des cours de bijoutier.
© Concours Lépine Etude pour une Femme Papillon, René Lalique De gauche à droite : Peigne Paysage soleil levant, René Lalique – v. 1900 ;
Vase Deux poissons, 1910 ; Vase poissons grondins en verre, René Lalique – v. 1910
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