Notre Préfet de Police est né à Lyon le 6 août 1846. Après des études complètes dans sa ville natale, puis à Paris, le jeune étudiant fut envoyé deux ans en Allemagne où il suivit les cours des Universités d’Heidelberg et de Berlin. Il terminait à Paris ses études de droit, lorsque la guerre de 1870 éclata. Aussitôt, le voici incorporé dans la garde nationale mobile du Rhône, où il devient bientôt sergent-major. Mais, enfermé dans Belfort assiégé, il rend ses galons pour être admis dans une compagnie à l’assaut du village fortifié de Bavilliers et il y entre le second sous une grêle de balles. Pendant que ses camarades fouillent les maisons pour en déloger les dernier défenseurs, le sergent Lépine s’avise d’un retour offensif de l’ennemi, favorisé par un épais brouillard qui pourrait mettre sa petite troupe dans le plus grand péril et il s’avance jusqu’au bout du village, au point stratégique où il redoute une attaque inopinée.
Juste à ce moment il tombe dans une embuscade, essuie sans reculer d’un pas, trois salves de mousqueterie et il est grièvement blessé. Il a du moins la satisfaction de voir deux cents Prussiens qui l’avaient assailli, battre en retraite au moment où le bruit de la fusillade lui amenait du renfort. La médaille militaire lui fut donnée pour ce fait d’armes.
Tel le sergent Lépine se montre ici audacieux jusqu’à la témérité d’une belle crânerie et d’un sang-froid extraordinaire en face du danger, tel nous le retrouverons au premier rang, dans les circonstances les plus difficiles de sa carrière. A la paix, M. Lépine rentre à Lyon et y exerce la profession d’avocat jusqu’en 1877.
Puis il rentre dans l’administration et en gravit rapidement les premiers échelons. Il passe successivement par les sous-préfectures de La Palisse, Montbrison, Langres et Fontainebleau. En 1885, il est Préfet de l’Indre. Le 26 novembre 1886, il est nommé au secrétariat général de la Préfecture de la Loire, où il se signale encore par un acte de courage. Le 16 décembre 1892, un coup de grisou au puits de la manufacture coûtait la vie à 73 mineurs et jetait la consternation dans Saint-Etienne. M. Lépine prend place dans la première benne descendue au secours des victimes et parcourt les galeries incendiées empestées encore d’un air méphitique. C’est à cette occasion qu’il reçut la médaille d’or de sauvetage, qu’il porte volontiers plus souvent que d’autre décorations.
En 1893, M. Lépine est Préfet de la Seine-et-Oise, mais il ne reste à Versailles que quelques jours. Il est nommé Préfet de Police en remplacement de M. Lozé, démissionnaire, le 11 juillet 1893. Et depuis, il est à son poste. En 1897, il fut nommé gouverneur général de l’Algérie. Mais son absence fut de courte durée. Il fut réintégré dans ses fonctions, à la demande du ministère qui venait de se constituer.
En 1900, devant le marasme des petits fabricants de jouets et d’articles de Paris, dû à la concurrence étrangère, le Préfet Lépine prend l’initiative de créer en 1901 un concours-exposition et c’est à partir de là, que notre Association a pris naissance. Le Préfet Lépine, notre Président d’Honneur nous a assuré toute sa vie durant de son appui auprès des pouvoirs publics et nous a facilité les démarches administratives.
Depuis 1901, le Concours Lépine constitue un événement majeur. Au nom de notre Association, nous lui adressons un vibrant hommage.