Guillaume Tandeau de Marsac/ Concours Lépine Régional de Lyon 2002Guillaume Tandeau de Marsac a réussi cette prouesse : conserver la couleur irisée d’une aile de papillon, ce qui lui a valu la médaille de bronze au Concours Lépine Régional de Lyon 2002. Après mes études d’ingénieur de production, j’ai travaillé dans deux entreprises pour lesquelles j’ai déposé deux brevets ; l’un pour une carabine, l’autre pour un cutter de sécurité. Je suis passionné par la nature et collectionne minéraux et insectes. C’est au cours de la visite d’une serre aux papillons que l’idée m’est venue de monter un papillon en bijou. En effet, quoi de plus beau qu’un papillon. Non seulement la symbolique qu’il évoque (la légèreté, la fragilité, la poésie, la liberté), mais aussi l’extrême finesse des dessins de ses ailes et la splendeur de ses couleurs aux impressionnants reflets irisés et aux indéfinissables dégradés. Je me suis mis à chercher comment conserver durablement la couleur naturelle d’un papillon. Sans soutiens financiers, je commence mes recherches en 1996. J’ai l’idée de plastifier une aile à la manière d’une carte d’identité et m’aperçois que cela n’altérait pas l’aile… Le parcours du combattant ne venait que de commencer, car il fallait ensuite trouver comment travailler et utiliser ce film sans dénaturer les couleurs de l’aile. Après de multiples essais, j’y parviens. Un long travail de trois années ou je mis toute ma passion et ma ténacité. Je dépose le brevet en Septembre 1998. La prouesse est là : préserver la couleur d’une aile de papillon malgré son extrême finesse et fragilité.  Broches avec ailes entières de papillons naturels Le brevet déposé, je crée à 30 ans mon entreprise artisanale de bijoux en étain, incrustés d’ailes de papillons. Je façonne ma première broche, puis ma production se diversifie en bracelets, boucles d’oreille, colliers, pendentifs. Ainsi je pérennise la beauté du papillon pour rendre les femmes encore plus coquettes. Mon objectif est de montrer la magnificence et la finesse du papillon. D’un point de vue éthique, je n’utilise que des papillons déclassés, inutilisables pour les collections. Mon procédé me permet en fait de réaliser toutes sortes d’incrustation autres que sur des bijoux, je peux donc faire un travail à façon. La médaille de bronze, que j’ai reçue au Concours Lépine Régional de Lyon 2002, m’a valu de multiples contacts professionnels et commandes particulières. Ayant une bonne clientèle de particuliers, je recherche maintenant une clientèle de professionnels. Le procédé de conditionnement
C’est un procédé breveté, permettant le travail d’une aile de papillon et sa conservation dans le temps. L’aile d’un papillon est constituée d’une membrane nervurée fragile recouverte d’écailles microscopiques. La pigmentation, la forme et l’implantation de celles-ci apportent la coloration. Jusqu’à présent, les papillons préservés dans une boîte vitrée ne pouvaient être utilisés qu’à des fins d’observation. Un autre procédé de conditionnement consiste à mettre le papillon dans des résines pour inclusions. Mais la couche importante de résine nécessaire et sa rigidité limitent les utilisations et ce n’est pas représentatif de la finesse d’une aile. De plus, beaucoup d’ailes irisées se ternissent au contact des solvants contenus dans la résine. On peut aussi mettre une aile sous verre, mais ce conditionnement n’est pas étanche. En tout cas, ces différentes méthodes ne permettent pas le travail de l’aile proprement dite. Le procédé de conditionnement permet de remédier à ces inconvénients. Pour cela, je plastifie thermiquement une aile de papillon avec des températures différentes selon l’espèce de papillon. Ensuite, je découpe le film à la forme de l’incrustation que je désire. Je sépare d’une part, le film avec les squamules* colorées fixées sur celui-ci ; d’autre part la membrane ailère sans couleur que je jette. J’applique une pellicule d’un enduit sans solvant sur les squamules du film. Le résultat est un stratifié que j’incruste dans le bijou et que je recouvre ensuite d’une fine couche de résine d’inclusion avec filtre U.V. intégré. Ainsi, on peut conserver la couleur irisée de certains papillons, comme l’Urania ou le Morpho. La nature sans solvant des adhésifs utilisés ne provoque aucune réaction chimique susceptible de ternir les couleurs irisées. Grâce à sa souplesse, sa résistance et sa finesse, le conditionnement peut être transformé de diverses manières : poinçonnage, découpage, thermoformage, pliage, collage, couture, inclusion sous résine… ; permettant ainsi de nombreuses applications. Ce procédé peut servir à réaliser des documents scientifiques et pédagogiques, facile à transporter, à manipuler et sans entretien. Il est également possible de réaliser des objets de décoration, des objets de collection ou de la bijouterie. * petite écaille qui recouvre les ailes des papillons Guillaume Tandeau de Marsac  Ailes entières de papillons naturels |
Améliorer le quotidien du propriétaire d’un chien : c’est le but recherché par le Dr Chamba en inventant le Crocker, coffret-doseur de croquettes. Son idée : changer grâce à un instrument adapté le rapport entre l’utilisateur et le produit. Crocker présenté par le Dr ChambaLe Dr Chamba est praticien vétérinaire, et exerce en clientèle canine au centre de Lyon. Marié, père de quatre enfants, chargé de cours à la faculté de pharmacie de Lyon depuis 5 ans, spécialisé en cancérologie, il s’intéresse au marché de la nutrition depuis une dizaine d’années. Propriétaire lui-même de plusieurs chiens, il a construit le projet de ce distributeur après avoir constaté à l’usage, que le stockage et la distribution des granulats alimentaires étaient largement perfectibles. Le vétérinaire se voit en effet quotidiennement présenter, par les délégués des fabricants, des croquettes issues de technologies sophistiquées, à utiliser selon des règles de conservation et de distribution précises… En visite chez son client, il faut bien avouer que le sac malodorant et béant qui traîne dans un coin de la cuisine ne correspond pas vraiment à l’image technique, voire médicale du produit…Facilité d’utilisation, rigueur dans l’hygiène d’un produit alimentaire, respect de la diététique et donc des quantités utilisées, tout était à optimiser, sinon même à faire découvrir aux propriétaires… C’est un matin en se réveillant que l’idée jaillit d’un principe mécanique, permettant de délivrer une dose variable d’un granulat stocké dans un réservoir… Encore faut-il que le procédé puisse s’appliquer à des granulats aussi divers que les croquettes, qu’il puisse être industrialisé, et que les gens aient éventuellement l’intention de l’acheter…Le Dr Chamba commence par réaliser le principe du procédé en carton, puis va pendant six mois en développer des plans avec un ami Grenoblois, dessinateur industriel. Il dépose un brevet en Juin 2000, et finalise un premier prototype en plastique façonné six mois plus tard. Le fonctionnement, très aléatoire, demande de sérieuses améliorations La consultation des plasturgistes et moulistes révèle rapidement que tout est à refaire. Non seulement le produit n’est pas réalisable en l’état, mais la conception mécanique est inappropriée à la plasturgie. Le Dr Chamba choisit alors un bureau d’études spécialisé sur Villefranche, et reprend pendant dix huit mois une étude aux multiples rebondissements. Au bout d’un an, et malgré plusieurs prototypages, il est très proche de l’échec car un point technique reste apparemment insoluble. Le problème est compliqué par le fait que la solution à découvrir ne doit pas remettre en cause le développement effectué jusque là…Les engagements financiers sont déjà importants, et le temps presse. Toutes les possibilités pour traiter ce point ont été étudiées sans succès…La solution est finalement découverte, et un nouveau prototype vient confirmer la viabilité du principe, cette fois complètement décrit. Pendant ce temps, le dossier administratif a avancé. Le projet est soutenu par l’Anvar, qui finance une étude de marché. Les résultats en sont très encourageants. La chambre de commerce de Lyon, qui suit le projet, obtient un soutien financier du conseil général du Rhône, qui contribue à l’étude technique en cours. Des contacts sont pris avec des professionnels pour tous les aspects satellites du projet : communication, distribution, fabricants. En Avril 2002, le « Crocker », puisque tel est le nom déposé, existe à l’état d’un prototype fonctionnel. De quoi s’agit-il exactement?  Le projet Crocker Le Crocker est un coffret-doseur destiné à ranger, conserver, transporter, et délivrer les croquettes. Il vient remplacer le sac peu commode dans lequel est vendu le produit, et fait partie de l’équipement ménager du foyer au même titre par exemple que l’essoreuse à salade. Le propriétaire vide le sac dans la cuve, ferme le boîtier, règle la dose à délivrer. Il ne reste plus qu’à ranger le Crocker au bas d’un placard, et à extraire directement une fois par jour sans déplacer l’appareil, la dose exacte programmée de croquettes bien conservées, sans se graisser les doigts. En déplacement, le Crocker dans lequel on glisse quelques accessoires (écuelle) suivra facilement le compagnon. On le confiera également à l’amie qui va le garder le temps d’un week-end, amie qui n’aura donc qu’un geste simple à faire pour respecter les consignes précises du maître… Le Crocker se présente avec la forme et les proportions d’un Vanity-case. L’ouverture par-dessus permet de remplir le réservoir de 4 Kg de croquettes. Celui-ci ouvre par une trémie située au fonds sur un doseur, tiroir que l’on peut extraire d’un geste. Ce doseur se remplit automatiquement de la dose programmée (30 à 230g) chaque fois qu’on le replace dans son logement. Le premier intérêt du procédé est d’assurer une bonne conservation des croquettes. Corps gras et sec, la croquette à l’air rancit rapidement comme la cacahuète, et perd son appétence. Le sac ouvert et mal refermé, l’échange d’air et le brassage des croquettes à chaque usage favorisent ce processus. Dans le crocker, il n’y a ni brassage, ni changement d’air. Le produit se conserve de façon optimale. Le deuxième intérêt est le respect d’une dose correcte. Il faut en effet déterminer une dose pour pouvoir utiliser l’appareil qui ne permettra pas ensuite de tricher selon son humeur. C’est donc le respect de la diététique et la limitation des dérives alimentaires, surpoids et autres problèmes en découlant. Le Crocker oblige à une alimentation raisonnable, raisonnée et régulière, source de santé et d’économies. Le troisième point est une amélioration du confort domestique quotidien. Appareil propre, supprimant les odeurs, la manipulation quotidienne du sac et les incidents qui en découlent, le Crocker gagne du temps et simplifie la vie du propriétaire. Le Crocker s’adresse donc à la ménagère soucieuse de l’hygiène de sa cuisine, au propriétaire rigoureux et sensible aux notions de diététique, mais aussi au jeune cadre pressé qui cherche à limiter ses contraintes quotidiennes. 
Le prototype Crocker Il est présenté au public pour la première fois dans le cadre du Concours Lépine Régional de Lyon. Le test est important car l’accueil doit déterminer la poursuite du projet. Il est également prévu de profiter de l’occasion pour conduire une enquête sur les couleurs et le prix. Les résultats confirment l’étude de marché pratiquée au préalable, et la décision est alors prise de mettre en route l’étape de fabrication. Le Crocker obtient la médaille d’or. La communication est affinée au Concours Lépine de Paris, où le produit obtient cette fois la médaille de la ville de Paris. Le Crocker est aujourd’hui dans la phase cruciale de préparation à la fabrication et au lancement, phase qui passe avant tout par la recherche d’un financement évalué à quelques 3,4 millions de francs… Jean-Pierre Chamba |
Montre-pendentif de type « découverte » à remontage au pendant avec sa broche assortie – 1850. Montre offerte à la Reine Victoria. Montre de poche savonnette à remontage au pendant avec répétition à minutes – 1909. Montre vendue au 3 ème Duc de Régla Patek Philippe, maîtres horlogers depuis 1839 Une horlogerie de renom (Première Partie) Patek Philippe, digne héritier « spirituel » de la maison Breguet, est sans doute aujourd’hui l’horloger le plus prestigieux au monde. S’il s’agissait simplement de le prouver, sachez que l’intégralité de sa production mécanique, riche de ses soixante-dix brevets d’invention déposés depuis sa création il y a 163 ans, dont celui du quantième annuel en 1989, reçoit systématiquement le Poinçon de Genève, plus haute distinction officielle de l’horlogerie ! De la rencontre de deux artistes C’est en 1830 que le jeune officier de cavalerie Antoine Norbert de Patek quitte sa Pologne natale, devenue province russe, pour se réfugier en Suisse, à Genève précisément, capitale de l’horlogerie et de la joaillerie depuis la fin du XVIe siècle. Riche d’un talent certain pour l’art et la technique, c’est là que quelques années plus tard, il fonde avec son ami et compatriote l’horloger François Czapek, « Patek, Czapek & Cie », société horlogère. Leur production s’inspire amplement des mythes et de l’histoire du pays qu’ils ont fui. Cependant, leur mésentente va conduire François Czapek à céder rapidement sa place au français Adrien Philippe, jeune inventeur du tout premier et révolutionnaire système de remontage intégré à une montre. Adrien Philippe rejoint en 1845 la manufacture qui commercialisera l’ingénieuse découverte. Après l’acquisition par la reine Victoria d’une de ces montres sans clefs, celle-ci nomme les deux nouveaux associés horlogers officiels de la cour d’Angleterre, assurant ainsi des retombées mondiales à la firme qui porte dorénavant le nom de Patek Philippe. Mêlant leurs goûts artistiques à un talent certain d’innovation technique, Antoine de Patek et Adrien Philippe vont jusqu’en 1933, concevoir, développer, fabriquer et exporter de l’Oural à l’Amérique Latine, les modèles les plus beaux et les plus complexes de montres. La Graves, du nom de l’homme d’affaires new-yorkais qui la commande, est la dernière et plus grande réalisation (vingt-quatre complications et six ans de recherche) que les deux hommes mettent au point avant la vente de leur entreprise. C’est en effet quelques années après la crise boursière de 1929, que la société est vendue aux frères Jean et Charles Stern, actuelle famille détentrice de la manufacture, qui va dès la reprise assurer sa suprématie sur le marché en matière d’innovation mécanique et d’esthétisme, ce qui est déjà du domaine du traditionnel chez Patek Philippe. De grandes créations au service de l’horlogerie et de l’esthétisme
Se surpassant de décennies en décennies, Patek Philippe est considéré dans le monde entier comme le plus grand créateur de montres. C’est ainsi que les plus grands modèles de complication horlogère sont signés par la manufacture. Depuis la montre du duc de Régla de 1909, chef d’œuvre doté d’un carillon Westminster à cinq timbres sonnant à la demande ou au passage, au Star Caliber 2000, créée spécialement pour le nouveau millénaire, Patek Philippe n’a cessé d’innover et de battre ses propres records en matière de mécanique. Tout d’abord en 1927 avec la Packard aux seize fonctions horlogères puis la Graves en 1933 vendue récemment aux enchères au prix record de plus de onze millions de dollars US. Et puis le Calibre 89, garde-temps le plus compliqué au monde, créé pour le 150e anniversaire de la manufacture avec ses trente-trois fonctions et ses mille sept cent vingt-huit pièces distinctes. Cette montre extraordinaire a nécessité neuf ans de recherche pour porter le mécanisme à un degré inédit de sophistication. Une attention toute particulière a été portée au chronographe, au quantième et à la sonnerie. On y a ajouté des complications astronomiques comme l’affichage de la date de Pâques, le temps sidéral, l’équation du temps ainsi qu’une carte céleste en cristal de saphir composée de deux mille huit cents étoiles. Mais ce n’est pas que sur ces modèles d’exception que la maison a construit sa notoriété. En effet, les collections courantes, bien que toujours fabriquées en petite quantité, se sont multipliées depuis le début du siècle dernier. Et à cette époque, les moyens les plus judicieux pour les faire connaître au grand public ont été déployés. Ainsi, le club Patek Philippe, très populaire au début du XXe siècle au Brésil, a permis, grâce à un système original de vente par loterie de faire distribuer dans ce pays par l’intermédiaire de la maison Gondolo & Labouriau, cent quatre-vingts montres dites « Chronometro Gondolo » de fabrication Patek Philippe, modèle qui évoluera au fil des années jusqu’au lancement de la toute dernière « Gondolo » en 1999, la Twenty-4, montre pour dames en acier sertie de diamants. 
Les montres-bracelets, détrônant peu à peu les montres à gousset par leur plus grande fonctionnalité et les améliorations techniques qui y sont apportées dès les années 1950, vont par ailleurs se décliner en différents modèles tels que la classique Calatrava de 1932, du nom de la croix ornementale devenue emblème depuis la fin du XIXe siècle de Patek Philippe, la Nautilus à la forme de hublot ou l’Ellipse d’Or aux proportions harmonieuses calculées sur l’antique « règle d’or ». L’invention du genevois Louis Cottier de l’affichage du temps universel, donnera également naissance à une longue série de montres-bracelets conçues pour Patek Philippe par l’inventeur lui-même et très prisée aujourd’hui par les collectionneurs. Enfin, les commémorations qui ont jalonnées l’histoire de Patek Philippe ont aussi été autant d’occasions de donner le jour à de nouveaux modèles de montres tous produits en séries limitées comme les Pagoda, à l’esthétisme Art déco, créées en 1997 à l’occasion de l’ouverture des nouveaux locaux de la grande maison. La dernière manufacture horlogère genevoise indépendante est aujourd’hui l’une des rares à pouvoir s’enorgueillir de faire appel aux métiers les plus traditionnels (gravure, émaillerie, peinture ou orfèvrerie). C’est ainsi que Suzanne Rohr est l’une des rares personnes aujourd’hui à perpétuer, et ce depuis les années 1960, l’art genevois de la peinture en miniature sur émail en collaborant exclusivement pour Patek Philippe qui lui confie la décoration d’une à trois pièces par an ! Ce souci de la tradition permet à la société de marier son savoir-faire technique à l’art du design, donnant à l’ensemble de ces créations hautement pointues un raffinement et une élégance rarement égalée. De quoi assurer à la société Patek Philippe une place de leader horloger à de multiples niveaux. 
Calavatra, montre-bracelet d’homme avec répétition à minutes, quantième perpétuel et phases de la lune – 1939 |